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Impôt: peut-on vraiment se fier aux agents de l’ARC au téléphone?

Par Jean-Luc Lavallée
Impôt: peut-on vraiment se fier aux agents de l’ARC au téléphone? VisualBricks/Shutterstock.com

Vous avez une question d’ordre général au sujet de l’impôt ? Logiquement, la référence pour obtenir une réponse fiable devrait être l’Agence du revenu du Canada. Or, dans la majorité des cas, l’information transmise par téléphone n’est pas la bonne !

C’est le constat extrêmement troublant de la vérificatrice générale du Canada (VG), Karen Hogan, dont le bureau vient de déposer un rapport à la Chambre des communes.

Plusieurs auditeurs de son équipe — agissant un peu comme des clients-mystères — ont effectué une ronde d’appels auprès des centres de communication de l’Agence du revenu du Canada (ARC), entre février et mai 2025. À 167 reprises, ils ont posé des questions générales (un maximum de 5 questions par appel), lesquelles ne portaient pas sur un contribuable ou un cas précis.

Principaux constats du rapport de la VG

  • Les réponses aux questions d'ordre général concernant l’impôt des particuliers (et non au sujet d'un seul contribuable) étaient exactes dans seulement 17 % des cas.
     
  • Les réponses aux questions d'ordre général concernant l’impôt des entreprises (et non au sujet du cas précis d'une entreprise) se sont avérées exactes dans 54 % des cas puis dans 56 % des cas concernant les prestations.
     
  • En 2024-2025, l’ARC a reçu plus de 32 millions d’appels et un peu plus de 10 millions d’appels ont été acheminés vers l’un des huit centres de communication visés.
     
  • Le nombre de plaintes formulées à l’égard du service assuré par les centres de communication de l’ARC a augmenté de 145 % depuis 2021-2022.

La bonne nouvelle, s’il y en a une, c’est que le taux d’exactitude des réponses visant un contribuable spécifique — qui appelle au sujet de son propre dossier par exemple — est beaucoup plus élevé. Selon un « échantillon représentatif » de véritables appels de contribuables enregistrés, réécoutés par le Bureau de la VG, les réponses analysées étaient exactes dans une proportion de 93 %. Le taux de bonnes réponses chute cependant à 71 % pour les entreprises

Autrement dit, les agents de l'ARC échouent à répondre à des questions générales portant sur l'impôt mais ils s'en tirent beaucoup mieux - sans être parfaits, loin de là - quand vient le temps de répondre à des questions spécifiques au sujet d'UN individu ou d'UNE entreprise, lorsqu'ils ont accès à son dossier. La quantité d'erreurs observées demeure, dans tous les cas, préoccupante.

« Les Canadiennes et Canadiens s’attendent à ce que l’Agence du revenu du Canada fournisse des réponses exactes et exhaustives à leurs questions sur l’impôt et les prestations. Des erreurs fiscales et des dates d’échéance non respectées peuvent coûter cher aux contribuables », rappelle à juste titre le Bureau de la vérificatrice générale.

Les 8 centres d’appels contactés par la VG

Cette carte indique les huit centres de communication de l’Agence du revenu du Canada qui traitent les demandes de renseignements concernant l’impôt des particuliers, les prestations et l’impôt des entreprises. Seul le centre de communication de Montréal offre les trois services. Les autres centres offrent un ou deux des services.

Carte des 8 centres de l'ARC.jpg

- Capture d’écran provenant du site web du Bureau de la vérificatrice générale du Canada au Parlement du Canada.

Le chatbot de l’ARC échoue lui aussi

Le robot conversationnel (chatbot) de l’ARC, surnommé Charlie, n’a pas fait vraiment mieux que les agents humains. Il n’a fourni des réponses exactes qu’à deux questions de nature fiscale sur les six qui lui ont été posées lors de l’audit, apprend-on dans le rapport de la VG disponible sur son site web.

« C’est honteux », dit le chef du Bloc 

Interrogé au sujet des révélations de la VG en point de presse à Ottawa, le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet n’a pas mâché ses mots, visiblement scandalisé. 

« C’est malade ! L’État canadien est l’institution la plus riche et la plus puissante du Canada, qui vit exclusivement de l’argent qui lui est remis par les contribuables. Et le système même, qui fait en sorte que les contribuables paient pour les services, est pourri. C’est honteux, ça mérite une intervention très rapide », a-t-il largué.

Le temps d’attente a doublé en un an

Excédés par l’attente au bout du fil, qui n’en finit plus, de nombreux contribuables raccrochent avant de réussir à parler à un agent, rapporte aussi la VG dans son rapport. Le temps d’attente a carrément doublé en un an. En 2024-2025, « il fallait en moyenne 31 minutes pour joindre un agent, soit deux fois plus de temps qu’en 2023-2024 ».

La diminution importante du nombre d’agents n’est pas étrangère à ce phénomène. En date du 31 mai 2025, il y avait 3 530 agents comparativement à 5 837 le 31 mars 2024, expose-t-on.

« Il incombe à l’Agence du revenu du Canada d’aider les particuliers et les entreprises à s’acquitter de leurs obligations fiscales et à se prévaloir des prestations qui leur reviennent », a déclaré madame Hogan, visiblement inquiète dans le contexte actuel.

« Je crains que, malgré un nouveau système de téléphonie et d’autres améliorations, les Canadiennes et Canadiens attendent encore trop longtemps pour obtenir des réponses à leurs questions fiscales », a-t-elle ajouté. Mme Hogan a effectué une série de recommandations au gouvernement pour qu’il puisse corriger le tir.

À lire aussi : Comment faire ses impôts soi-même, Six choses à faire avec votre remboursement d’impôt et Problèmes avec Revenu Québec et l’Agence du revenu, que faire ?

 

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  • Par Denis Guay
    24 octobre 2025

    Bonjour, quelle est la différence entre les 2 énoncés ? On dirait qu'il y a contradiction:

    Énoncé 1: Les réponses aux questions générales concernant l’impôt des particuliers étaient exactes dans seulement 17 % des cas.

    Énoncé 2: La bonne nouvelle, s’il y en a une, c’est que le taux d’exactitude des réponses visant un particulier — qui appelle au sujet de son propre dossier par exemple — est beaucoup plus élevé. Selon un « échantillon représentatif » d’appels enregistrés, réécoutés par le Bureau de la VG, les réponses analysées étaient exactes dans une proportion de 93 %.

    ???

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    journalist
    Par Jean-Luc Lavallée de Protégez-Vous
    24 octobre 2025

    Merci pour vos commentaires M. Guay. Nous avons ajusté certains passages pour plus de clarté. En résumé : Dans l'énoncé 1, les questions d'ordre général (posés par des membres du Bureau de la VG) réfèrent à l'impôt DES particuliers et non d'UN particulier (un cas spécifique) alors que dans l'énoncé 2, c'est l'inverse, il s'agit plutôt d'UN particulier qui appelle au sujet de son propre dossier.

    Par Olivier Audet
    24 octobre 2025

    Il y a des questions générales au sujet de l'impôt des particuliers (par exemple: je n'ai pas de problème avec l'ARC, mais je les appelle pour savoir ce qui se passe quand un individu laisse tel montant en héritage, simplement pour savoir la réponse. En gros, une question théorique), et il y a les questions qui portent sur le dossier d'un individu spécifique. (Par exemple, je remarque une anomalie dans mon compte de taxe et je veux que l'agent de l'ARC m'en explique la cause.)

    En tout cas c'est comme ça que je le comprend, ce n'est évidemment pas moi qui l'a écrit! Peut-être effectivement qu'un exemple aiderait à bien saisir de quoi on parle, et la méthodologie de l'enquête par la même occasion.

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  • Par Olivier Audet
    24 octobre 2025

    Je travaillais jusqu'à récemment dans un organisme gouvernemental provincial dans un rôle assez semblable à celui des agents visés (donner des informations aux gens au téléphone et en personne, sur des cas précis ou d'ordre général. Et ça concernait des lois, bien que des lois un peu plus facile à aborder que les lois sur l'impôt.

    Je suis bien placé pour savoir qu'il faut avoir une certaine clémence envers les agents (les lois en question sont nombreuses, complexes, le client ne s'exprime pas toujours clairement, un détail qui semble mineur dans la question peut changer la réponse, etc...), mais c'est évident que 17% de réponses correctes est totalement inacceptable! Pour les dossiers spécifiques, c'est évident que le taux de bonnes réponses doit être très élevé puisque l'agent a en principe les informations sous les yeux. Ça peut sembler bizarre d'avoir "seulement" 93% de bonnes réponses mais ça me semble normal. Le citoyen peut mal poser sa question, mal comprendre, poser sa question en se basant sur des faits erronés, ou un dossier peut tout simplement être particulièrement complexe et propice à ce qu'on s'emmêle les pinceaux en le regardant. Il m'est arrivé plusieurs fois de donner une réponse trompeuse et de me raviser en cours d'appel parce que j'ai réalisé que j'avais mal compris la situation. Plus rarement, il m'est arrivé de rappeler des gens car l'appel s'était terminé et je les avait induit en erreur d'une façon qui risquait d'être significative. Par contre, 71% de bonnes réponses pour des questions sur des dossiers d'entreprises, ça me semble quand même bas. Je me doute que les lois en matière de fiscalité pour les entreprises peuvent être très complexes (et que les propriétaires de PME gèrent leurs avoirs de toutes sortes de façons un peu bizarres) mais quand même. Pas facile de former des gens pour cet emploi, mais il faut réussir à le faire comme du monde.

    Cependant c'est clair que la formation est une grosse partie du problème. L'État laisse tomber certains de ses services. Là où je travaillais, la durée de la formation des employés avait diminué de plus de moitié en dix ans. Après notre formation presque entièrement théorique, on pouvait passer un grand total de 2-3 jours à faire notre emploi sous la supervision directe d'un autre employé (et encore, en région c'était parfois impossible ) avant d'être lâchés lousse. Aucune formation continue parce que le temps n'existe pas: il y a des citoyens a la pelle et il faut leur répondre. Je pense que j'étais bon parce que j'avais un intérêt particulier pour les informations nécessaires à l'emploi et que je "m'amusait" à lire sur le sujet dans mes temps libres, mais on ne peut pas s'attendre à ce qeu tout le monde le fasse. J'ai eu quelques collègues qui étaient totalement corrects et qui ne manquaient pas du tout de motivation ou d'effort, qui auraient peut-être étés "médiocres" au niveau de leurs taux de réponse. Question de formation et de soutien, et de la difficulté de l'emploi. J'imagine que la situation à l'ARC est la même, en bien pire.

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